Balisage blanc et rouge le long de l’étape. Quitter le refuge de Longon vers l’est.Le sentier, par des courts lacets, suit la rive gauche du torrent de Longon. Par une passerelle (1785m) franchir le torrent pour descendre en écharpe dans la forêt et perdre rapidement de l'altitude. Passer la crête Autcellier (1502m) puis traverser le ruisseau de l'Arcane (1463m) dans le vallon encaissé pour gagner le petit plateau suspendu de Rougios (1467m). Le sentier continue dans une région encore très alpestre avec de vieux chalets d'alpage en bois, des prairies fraîches et des bois de mélèzes tapissant les ravins. Entrer dans le bois de la Fracha par la petite route en terre offrant des vues plongeantes sur la Tinée profondément encaissée et sur les hautes cimes de la rive gauche ainsi que sur le vallon de Mollières qui s'enfonce à l'est. Continuer vers le sud en restant à mi-hauteur du versant boisé. Passer aux granges isolées de la Traverse et de Puge de Selvanière puis à un petit col dit « La Barre ». Au-delà, la vue s'ouvre vers l'aval de la Tinée car la forêt cesse. La descente continue vers le sud sur la pente dénudée qui passe à l'arboretum de Roure (visite gratuite). Quitter la piste peu après le premier lacet pour reprendre un sentier à droite et atteindre les chalets et la chapelle Saint-Sébastien (fresques de 1510 d'Andréa de la Cella). Par une petite route, on arrive à Roure (1096 m). Jonction avec le GR® 52 A. Quitter Roure en suivant un ancien chemin qui décrit d'innombrables lacets et coupe la route à plusieurs reprises. C'est une rude descente à éviter par une chaude après-midi! On atteint le pont routier sur la Tinée qui permet d'entrer dans Saint-Sauveur-sur- Tinée (496m).
(Paul Guglielmi, CDRP 06)

Cette étape, qui marque la porte de sortie de la zone centrale du parc nationale du Mercantour, permet la jonction entre la haute montagne et les vallées habitées.
Du refuge du Longon, à l’abri entre le mont Autcellier au sud et le mont Gravières au pord, point de vue remarquable, l’itinéraire descend régulièrement vers le village de St-Sauveur-sur-Tinée. A mi- pente, il traverse les territoires du loup, grand prédateur réapparu sur le territoire français en 1992 et source de multiples conflits entre écologistes et bergers.
Le paysage minéral laisse rapidement place aux forêts de mélèzes et de chênes, sillonnées par les nombreuses routes forestières qui permettent l’accès aux coupes, le mélèze étant un bois imputrescible utilisé comme matériau de construction. Quelques ruines laissent imaginer la présence de l’homme, qui s’alimentait en eau grâce aux captages de source que l’on aperçoit fréquemment.
Peu avant le village de Roure se trouve un arboretum de montagne, unique dans ce département et composé de la quasi-totalité des espèces de conifères existants sur les 5 continents.
Roure se dresse à la lisière de la forêt de la Fracha, oasis de roche avec son château datant de la ligne Maginot, parade militaire sensée défendre des invasions italiennes. De celui-ci se dessine la ville fortifiée (depuis le XVe s) de Saint Sauveur-sur-Tinée, en aval. Cette ville alpine est non seulement un lieu stratégique au niveau militaire, mais apparaît aussi comme zone agricole fertile, bénéficiant d’un ensoleillement et d’une exposition exceptionnels. Les Blavets, habitants de St Sauveur, y cultivent même la figue, élément non négligeable de l’économie locale à l’époque. Cette espèce amatrice de températures élevées y poussait curieusement à plus de 1000 m d’altitude, sur des terrassements en adret des montagnes.
Les deux villages ont tout d’abord été reliés par une voie romaine, empreintée il y a plus de 2000 ans par les légions d’Auguste venues soumettre le peuple celto-ligure (premier peuplement alpin) du Var et de la Tinée. Plus tard, en 1927, un téléphériques à usage agricole est installé pour faciliter le transport de marchandises de la colline de Roure à la ville. Ce n’est qu’en 1935 que la route actuelle est aménagée.
Au centre de St-Sauveur, quelques inscriptions représentants les divers métiers d’autrefois sont encore gravés au ciseau sur certains linteaux de portes. Malgré le dur labeur des habitants, la foi n’en était pas pour autant délaissée. L’église St Michel, preuve de ferveur locale, élève depuis le XIVe son clocher pyramidal au-dessus des rues pavés étroites et des nombreuses petites chapelles. St-Sauveur est aujourd’hui chef-lieu du canton et étend ses habitations au sein d’une boucle de la Tinée, au cœur d’un nid de verdure.
(Sara Zeidler, Gilles Chappaz, Grande Traversée des Alpes)